Libération

 J'ai mis plus de trois mois pour cette création car il a fallut d'abord reprendre une oeuvre de ma grand-mère qui avait subit les affres du transport. Je m'explique, il y a longtemps, ma grand-mère peintre sur porcelaine avait fait une série sur le baiser et nous avions tous reçus une de ses créations. Elle en avait aussi vendu.

Le baiser dont j'avais hérité s'est un jour brisé en deux suite à un transport malheureux et j'avais prévenu ma grand-mère. Comme c'était une série, elle m'avait dit qu'elle pourrait toujours m'en refaire un et que je n'avais pas à m'en faire...Mais elle est partie avant que cela ne puisse se faire. Et je suis resté des années avec ce baiser brisé en deux que je ne pouvais me résoudre à jeter ou détruire.

Et puis, en repensant à un ami artiste potier, qui m'avait dit un jour qu'il me donnait de ses créations qu'il était hors de question que je n'utilise pas ses poteries dans ma vie de tous les jours, que les tasses ou bol qu'il avait créé n'avaient aucune vocation à finir sous verre et que j'avais intérêt à ne pas les y mettre. J'ai écouté scrupuleusement cet ami.

Et je me suis dis que je pouvais aussi bien appliquer cet ordre à la création brisée de ma grand-mère. Après tout, sa série des baisers était vouée à être exposée! Mais je ne pouvais pas me résoudre à simplement recoller les deux morceaux. Cela aurait laissé comme une marque négative sur la création. Alors, j'ai décidé de la transformer, cette création...Cela sous entendait que je brise encore plus le tableau. Et j'ai eu un mal de chien à le faire. Cela m'a pris trois bons mois, où je n'ai pas pu créer quoique ce soit d'autre. Je n'arrivais pas à le faire.

Et, enfin, j'ai pu me libérer et créer ce que j'avais en tête depuis le début. Ce fut une vraie libération. Merci Mamie (et merci à mon ami Jean-Jacques le potier).

Voici une photographie juste après les brisures volontaires et ô combien difficiles mais libératrices:

Et voici ce que j'ai créé avec Mamie...